Le rallye de fin d’année que nous espérions s’est effectivement manifesté, avec une force que n’attendions pas pour être honnête.

En tête des performances, les actions de la Zone euro (Euro Stoxx 50) ont progressé en ligne droite de +22% depuis le point bas du 13 octobre. En revenant sur les 4000 points, l’Euro Stoxx 50 dividendes nets réinvestis, n’est désormais plus en baisse que de seulement -5,6% depuis le début de l’année. Après avoir chuté de 23% à son plus bas niveau le 23 octobre, la performance récente est remarquable.

En novembre, les marchés actions ont enregistré l’un des meilleurs mois de l’année, deuxième plus forte hausse pour l’indice Stoxx 600 à +6,89% et troisième pour les indices S&P 500 avec +5,6% et MSCI World avec +6,80%.

Le mois a connu une actualité chargée qu’elle soit politique avec les élections américaines de mi mandat, ou macroéconomique, avec une nouvelle hausse de taux de la FED et de la banque d’Angleterre, ainsi qu’une résurgence des cas de COVID 19 en Chine, dans un contexte de léger assouplissement des restrictions sanitaires.

D’un point de vue géographique, les marchés émergents ont été les plus dynamiques avec une hausse de +14,83% portés par la Chine qui a bondi de +26,79%.
Cette progression s’explique, d’une part par un rebond qui fait suite à une forte de baisse depuis le début de l’année et à d’autre part, aux anticipations d’assouplissement des restrictions sanitaires permettant de libérer l’économie.

La Zone euro arrive en seconde position avec une hausse +9,70% pour l’Euro Stoxx 50, et +8,10% pour l’Euro Stoxx aidée par l’Allemagne et la France qui progressent respectivement +8,63% et +7,59%. L’inflation en Europe a ralenti plus que prévu en novembre, et pour la première fois en 16 mois, 10% en novembre contre 10,6% en octobre). Dans le même temps, les données d’activité se sont révélées plus résistantes que prévu, la production industrielle est ressortie en hausse et la confiance des consommateurs s’est également améliorée.

Les Etats Unis ont également progressé avec une performance de +5,6% pour le S&P 500 qui, à l’instar de la Zone euro, a vu son inflation surprendre à la baisse, ralentissant à 7,7% contre 8,2% en glissement annuel en raison d’un tassement des prix de l’énergie, des biens et des services.

Le Japon ferme la marche avec une progression de 2,94% sur le mois, mais reste le pays le plus performant depuis le début de l’année.

« Est ce que cela va continuer ? »

C’est la question que posent les plus nombreux, en particulier ceux qui n’ont pas pris le train en marche.

Difficile question, car le rebond actuel s’apparente davantage à un sursaut qu’à une reprise sous tendue par un retour de la confiance en l’avenir.

La hausse des marchés depuis un mois et demi prend son appui dans l’inflexion du discours de la FED, qui semble préparer les investisseurs à un ralentissement du rythme de hausse des taux. Avec une inflation américaine qui recule depuis juin, la tentation est forte pour les investisseurs d’y voir la fin prochaine du cycle de resserrement monétaire.

« Quand le sage désigne la Lune, l’idiot regarde le doigt…»

Obsédés par leur volonté d’identifier le moment d’inflexion de la politique monétaire, les investisseurs ressemblent de plus en plus à l’idiot du vieil adage chinois « quand le sage désigne la Lune, l’idiot regarde le doigt ». La Lune est ici le ralentissement économique, qu’un assouplissement de la politique monétaire (le doigt) ne ferait que mettre en évidence.

Les études financières de ces derniers mois, sont en effet pleines de ces analyses faisant coïncider la phase de retournement de la politique monétaire avec le retour de la hausse sur les actions. D’où l’obsession des investisseurs à identifier ce fameux « point pivot » à partir duquel les taux d’intérêt de la FED commenceraient à baisser.

Cependant, la hausse des actions a engendré deux problèmes :

  • d’une part, le taux pivot n’a pas été atteint,
  • d’autre part, ce taux pivot n’est même pas encore bien en vue dans la mesure où le niveau d’inflation, selon la FED, nécessitera de maintenir des taux élevés pendant longtemps.

Par ailleurs, au cours des cycles précédents, les actions avaient, certes, repris le chemin de la hausse à l’issue de la phase de resserrement monétaire, mais également après une reprise des anticipations de résultats des entreprises. Or, les résultats des entreprises n’ont même pas encore commencé à baisser. Ainsi les résultats des entreprises aux Etats Unis vont terminer l’année en progression de 20% à leur plus haut niveau historique…

« 2023 : récession ou pas » ?

La question qui va nous accompagner tout au long de 2023 est de savoir, si oui ou non, la phase de resserrement monétaire dans laquelle nous nous trouvons va déboucher sur un ralentissement économique, voir une récession et quelle pourrait être son ampleur.

L’analyse économique et l’expérience du passé nous indiquent que la récession économique est probable en 2023 compte tenu de la détérioration significative des conditions financières pour les entreprises (hausse sur l’année de 300 bps des coûts de financement pour les entreprises américaines de bonne qualité) et les ménages (baisse du pouvoir d’achat dû à l’inflation).

Dans ce contexte, les dépenses des acteurs économiques auraient dû s’ajuster à la baisse, or ce n’est pas le cas. En volume (donc retraitée de l’inflation), la consommation américaine a continué de progresser en 2022, alors que dans le même temps, le pouvoir d’achat des ménages baissait de 3% après 2% en 2021.

La solution à cette énigme vient de l’augmentation de l’emploi salarié, qui a progressé de plus de 2 millions d’emplois cette année.

Deux menaces planent donc sur l’économie américaine en 2023 :

  • le ralentissement du marché de l’emploi
  • l’ajustement à la baisse de la consommation, via la baisse du pouvoir d’achat.

La crainte d’une récession aux Etats Unis est telle que, selon une récente étude, 45% des économistes s’attendent à une récession l’année prochaine, du jamais vu.
Pour notre part, nous sommes plus optimistes que le consensus de marché et estimons qu’il existe un chemin pour l’économie américaine pour éviter la récession.

Ce chemin passe par la résistance du marché du travail dans un contexte de vieillissement de la population qui conduit les générations du babyboom à prendre leur retraite et à quitter le marché du travail. La tension du marché de l’emploi aux Etats Unis (et dans une moindre mesure en Europe) est réelle comme le montre le rapport de 1 à 2 entre le nombre de chômeurs et le nombre d’emplois disponibles.

Cette résistance de l’emploi servira de stabilisateur à la consommation américaine et donc à la croissance en 2023. Cette résistance de la croissance, voir cette reprise, sera un facteur déterminant pour l’appréciation des actions et du crédit, le tout dans un environnement monétaire que nous anticipons plus favorable.

Le pire n’est pas certain et le meilleur toujours possible.

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