1. Henry Kissinger avertit quant au risque d’une guerre mondiale
  2. Le monde est en transformation majeure liée à l’émergence d’un nouveau cycle de Kondratieff
  3. «Market timing is everything» dans un environnement aussi instable

Henry Kissinger a récemment annoncé devant le New York Economics Club qu’il voyait le risque d’une nouvelle guerre mondiale suite aux tensions croissantes entre les USA et la Chine (lien en anglais°. Il a ainsi comparé l’état du monde actuel à celui des années 1910 précédent la première guerre mondiale.

On ne peut que prendre au sérieux les avertissements de l’homme qui façonné l’ordre mondial depuis 1971. L’histoire mettra sans doute Kissinger au même rang que Bismarck, Metternich ou encore Richelieu, ces grands architectes de la géopolitique de leur temps.

Vers un nouveau cycle de Kondratieff ?

Certes, nous ne saurons que le 3 novembre si l’ère Trumpienne va se continuer. Mais il existe déjà un consensus général pour dire que nous sommes en train de vivre la fin d’une époque, ou en termes économiques d’un cycle de Kondratieff.

Il est certainement impossible d’anticiper dès maintenant le nouveau monde qui va naître des douleurs du coronavirus. On peut cependant déjà répertorier les différents scénarios qui sont les plus majoritaires. On peut opposer deux écoles : les melt downs et les melt ups

Melt down ou melt up ?

Pour les melt downs, nous sommes en train de vivre la « Grande Bifurcation » qui montre les limites des modèles de croissance que nous avons connu depuis la dernière guerre. Certains remettent déjà en cause la croissance du PNB et donc de la richesse comme critère du progrès au profit d’une croissance verte, voire une décroissance qui privilégie les emplois pas forcément productifs mais plus créateur d’une économie plus responsable de la planète. D’autres vont jusqu’à demander un défaut sur l’ensemble de la dette Européenne détenue par la BCE soit 2.600 Mds EUR soit le PNB de la France via une émission massive de fiat monnaie pour la compenser. D’autres proposent un plan d’investissement massif dans une « croissance verte » via les green bonds, sans réellement se poser la question de leur rentabilité future en terme de création de richesse. On peut ainsi se demander si de tels investissements massifs vont construire les fondements d’une prospérité future, alors que l’Europe sort d’une période massive de sous-investissement productifs depuis 20 ans, à commencer par l’Italie.

Pour les melt ups, nous sommes au contraire au bord d’un nouvel « Âge d’Or ». Les politiques monétaires déflationnistes des banques centrales depuis 20 ans sont arrivées à leur terme. De nouvelles théories économiques comme la Modern Money Theory (MMT) affirme que les banques centrales vont pouvoir injecter des liquidités majeures sans créer d’inflation vu le retard considérable accumulé depuis 20 ans entre le PNB potentiel et le PNB réel dans bien des pays occidentaux. La transmondialisation via une redistribution des circuits de production au détriment de la Chine va ouvrir des perspectives de croissance majeurs pour les pays occidentaux. Les nouvelles technologies digitales vont pouvoir se développer dans des systèmes économiques libérés de la « red tape » accumulées depuis 20 ans. La création de digital currencies par les banques centrales va permettre de refinancer directement les particuliers et de réduire le risque systémique permettant une meilleure allocation épargne investissement.

Quelle stratégie financière ?

Les impacts financiers du melt up ou du melt down sont bien entendus radicalement différents :

  • Dans un melt up, on doit privilégier les actifs financiers, les actions, les matières premières industrielles comme le cuivre, et même les matières premières agricoles, et enfin les obligations indexées sur l’inflation.
  • Dans un melt downs, il faut privilégier les actifs réels, l’or, l’immobilier des grandes villes, les obligations classiques.

Vers un découplage entre pays anglo-saxons et Europe continentale ?

Mais un scénario alternatif possible est une divergence croissante entre les pays Anglo saxons de Trump et du Brexit (en supposant une réélection du Président Trump) et des pays européens à la Greta Thunberg qui choisiraient de « sortir de l’histoire » un peu comme l’Empire Allemand suite à la guerre de 30 ans, tombant dans un grand endormissement de 200 ans avant le réveil Bismarckien.

Qui va payer la crise coronavirus ?

Derrière ces analyses encore bien difficiles à discerner, on a un problème encore bien plus grave en termes de stratégie financière, qui va payer la crise coronavirus ?

Le Président Trump a déjà affirmé qu’il ferait payer la Chine, l’accusant ouvertement d’être responsable par omission si ce n’est par action de cette pandémie. Les taxes à l’importations US de 25% ont déjà ponctionné une part importante de la sur-compétitivité chinoise au profit du Trésor US. De même, l’Europe s’est dotée l’été dernier d’instruments économiques similaires via ses éco taxes à l’importations qui ont le pouvoir de changer radicalement l’équilibre économique et aussi de sortir l’Europe du Sud de sa stagnation économique.

Faire payer les rentiers pour sauver les entrepreneurs via un retour de l’inflation?

La FED a déjà ouvertement affirmé qu’elle allait reflatter l’économie USA et donc mondiale dans les années qui viennent pour ramener les taux d’intérêt USA vers leur « taux naturel » soit autour de 4/5%. Une telle stratégie va de facto redistribuer grandement la richesse américaine mais aussi mondiale. Elle va ponctionner du pouvoir d’achat des rentiers à commencer par les retraitées pour le redistribuer aux jeunes et aux classes défavorisées via une surcroissance de l’économie réelle.

Quelles stratégies d’investissement mettre en place ?

Nous pensons qu’il est encore impossible d’avoir une stratégie long terme claire dans un tel environnement. Nous sommes clairement à un « point de bifurcation » de la structure politique et économique mondiale où l’on peut espérer le meilleur en espérant éviter le pire. Dans de telles situations, l’ « effet papillon » de l’histoire est à son zénith. Un évènement relativement mineur (coronavirus du Président Trump) peut infléchir tout le cours de l’histoire. De plus, ce sont dans ces périodes de mutation structurelle de l’économie et de la géopolitique que l’intelligence collective des grandes démocraties et du capitalisme libéral peuvent affirmer leur puissance historique face à des systèmes plus autoritaires comme le marxo capitalisme chinois.

On peut cependant déjà donner les recommandations suivantes.

  1.  Les stratégies financières passives nous semblent vouer à sous-performer.
    La création d’un nouveau monde se fait toujours par des soubresauts de l’ancien monde. Le temps des stratégies 60% obligations + 40% actions nous semble pour l’instant totalement révolu. Seule des allocations actives peuvent espérer traverser les tempêtes qui nous attendent.
  2.  Les placements financiers nous semblent pouvoir surperformer les actifs réels sur le long terme.
    De plus en plus d’investisseurs français se sont éloignés de la bourse et des assurances vie au profit de l’immobilier voire de la pierre papier. Nous pensons que le retour du balancier est probable dans les années qui viennent et se traduira par un rattrapage des actions par rapport à l’immobilier, en particulier parisien.
  3. Market timing is everything !

La grande « Destruction Créatrice » est en marche. Toutes les transitions politiques et économiques se traduisent par une remise en cause des positions de leadership. On peut déjà affirmer que les futures GAFA des 20 prochaines années ne seront certainement pas les mêmes que ceux des 20 dernières années. Ainsi, beaucoup d’entreprises se sont prodigieusement enrichies via la « sinosification » des circuits de production. La remise en cause du rôle de la Chine comme seule usine du monde va impacter fortement la structure des circuits de production et donc les gagnants et perdants de la mondialisation.

Conclusion

Le monde est à nouveau entré dans les douleurs de l’enfantement d’un monde nouveau. De telles périodes sont souvent instables. Elles peuvent basculer dans des idéologies, voire des révolutions. Elles peuvent aussi créer des enrichissements majeurs aussi bien au niveau individuel que collectif. Nul ne peut affirmer connaître le monde qui va émerger de la crise actuelle.

Une chose est certaine, il ne pourra qu’être meilleur si nos démocraties restent fidèles aux fondements de leur prospérité, l’attachement aux valeurs des Lumières via la démocratie et le capitalisme libéral. Sinon, l’Europe pourra une fois de plus se perdre dans les « Chemins de la Servitude » si bien décrits par Hayek dans son livre éponyme.

Article rédigé par François d’Hautefeuille – Cofondateur & président de la société Evariste Quant Research : https://www.evariste-quant-research.com/

 

 

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