Bonjour à tous,

Il me semble que l’analyse de Pierre SERVENT sur la stratégie militaire de Poutine en Ukraine une semaine après son invasion armée débutée le 24 février dernier, mérite toute notre attention :

« La concentration de forces blindées sur Kiev pourrait être… un leurre »

Tous les derniers conflits en zone urbaine (Yougoslavie, Irak, Syrie, Afghanistan, etc…) ont systématiquement démontré que l’usage de blindés lourds en zone urbaine n’a jamais abouti à une victoire militaire.

La ville de Kiev est par ailleurs 7 fois plus étendue que Paris, ce qui rend totalement inutile un bombardement massif, qui n’aurait aucun effet concret à part tuer des civils. Ce bombardement (très coûteux) ne pourrait en aucun cas anéantir la guérilla urbaine mise en place par l’armée ukrainienne, et toutes les milices citoyennes qui sont très motivées pour défendre leur pays.

Il est probable que les forces conventionnelles tiennent et bombardent les faubourgs de la ville, mais ne rentrent pas dans le cœur urbain où les chars deviendraient inefficaces et vulnérables aux armes antichars et aux cocktails Molotov.

Par ailleurs, il semble qu’il n’y ait pas ou peu de forces spéciales sur Kiev d’après les renseignements en possession de l’OTAN.

Enfin, imaginer envahir et annexer un pays avec 40 millions de résistants n’aurait aucun sens d’un point de vue militaire et politique, et ne serait donc pas viable pour l’envahisseur.

« L’échec de la guerre éclair »

Il semble que POUTINE avait envisagé un « écrasement » des forces Ukrainiennes (et du peuple Ukrainien) en quelques jours (moins d’une semaine), l’absence de vivres et de carburant au bout d’une semaine pour une partie des forces conventionnelles russes semblant confirmer cette donnée. Par ailleurs, les 2 provinces du Donbass ne semblent toujours pas être aux mains de l’armée russe et des séparatistes.

« L’objectif réel de POUTINE pourrait être de créer un corridor vers le Sud Est avec la Crimée »

Annexer le Sud Est de l’Ukraine serait beaucoup plus « pertinent » dans la stratégie de reconquête de la Grande Russie de POUTINE pour :

  • garantir un accès contrôlé et pérenne à la Mer Noire (et à la Méditerranée),
  • ancrer des forces stratégiques permanentes en Crimée,
  • intégrer la zone la plus russophone de d’Ukraine (voir la carte),
  • annexer les meilleures richesses agricoles d’Ukraine.

L’annexion de la Crimée il y a 7 ans, la reconnaissance de l’autonomie des provinces du Donbass, et la concentration de forces spéciales dans le Sud Est de l’Ukraine semblent valider ce projet, ces dernières étant intervenues en priorité sur la ville d’Odessa…

« Un futur « geste d’humanisme » de POUTINE ? »

Une fois que son dessein serait réalisé (annexion de la partie Est et Sud Est de l’Ukraine avec un corridor jusqu’en Crimée), POUTINE pourrait alors annoncer au monde qu’il consent, « par humanisme et par volonté de maintenir la paix« , à arrêter le conflit global avec l’Ukraine et à entamer des négociations, un peu comme il l’a fait dans le Haut-Karabagh en 2020.

Ce conflit, aussi appelée seconde guerre du Haut-Karabagh, opération Poing d’acier, ou guerre des 44 jours est une guerre opposant la République autoproclamée du Haut-Karabagh — aussi appelée Artsakh —, soutenue par l’Arménie, et l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie, pour le contrôle du Haut-Karabagh, un État non reconnu par la communauté internationale depuis son indépendance unilatérale de l’Azerbaïdjan en 1991.

Après treize jours de combat, le 10 octobre, une médiation russe permet aux deux parties de s’entendre sur un cessez-le-feu et une reprise des négociations. Les hostilités reprennent cependant peu après. Le 18 octobre, grâce à une médiation du groupe de Minsk, un second essai pour une mise en place du cessez-le-feu est lancé, sans succès. Un troisième cessez-le-feu humanitaire, négocié par les États-Unis et débutant le 26 octobre, échoue également. Le 9 novembre, après la prise de Chouchi par l’armée azerbaidjanaise, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian accepte de signer un accord de fin des hostilités sous l’égide de la Russie qui entre en vigueur le 10 novembre 2020.

 

Diplômé de Sciences Po Paris et titulaire d’un DEA d’histoire contemporaine, Pierre Servent suit une carrière à multiples visages. Il commence par être journaliste pour le quotidien La Croix pendant la guerre du Liban, puis pour Le Monde au début de la guerre du Golfe. Parallèlement, il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire politique, notamment D’Oedipe à Matignon, Le Complexe du Premier ministre, La Trahison des médias, Les Guerres modernes et 1914-2014 : le siècle de sang (Perrin, 2014), Cinquante Nuances de Guerre, Le complexe de l’Autruche…

Après plusieurs années en tant que journaliste, Pierre Servent change de cap et devient porte-parole du ministère de la Défense de 1995 à 1997 puis expert en stratégie militaire et spécialiste des questions de défense.

Spécialiste des conflits et de l’armée et maîtrisant le milieu journalistique, Pierre Servent intervient régulièrement dans les médias français et étrangers, notamment France Télévisions, LCI ou Radio Canada.

(Source : Evene)

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