La dernière semaine de l’année n’a pas donné lieu au « rallye » boursier que tout le monde espérait. La vigueur de la hausse intervenue en octobre et novembre, a privé les marchés de l’oxygène nécessaire à une poursuite du mouvement dans un contexte toujours marqué par une inflation forte, des tensions persistantes sur les taux d’intérêt et des craintes de récession dans les mois à venir.
Pour 2023, nous préférons nous concentrer sur la capacité des entreprises à s’adapter aux situations les plus délicates et sur la manière d’agir des investisseurs qui préfèrent toujours se projeter dans l’avenir, plutôt que de regarder dans le rétroviseur.
Notre sentiment est que l’année 2023 se déroulera en deux temps.
Le premier sera sans doute marqué par le maintien de la pression exercée par les banques centrales sur les taux d’intérêt pour contrer la dérive inflationniste. La croissance devrait en conséquence ralentir un peu partout dans le monde et les anticipations de bénéfices des entreprises vont continuer d’être revues à la baisse. La Chine, qui s’est enfermée dans une idéologie à la fois nationaliste et marxiste, a refusé d’acheter les solutions vaccinales proposées par les Occidentaux. Elle s’est montrée incapable de lutter contre le virus de la Covid-19 par ses propres moyens, mais elle est en train de faire marche arrière, en adoptant des méthodes plus classiques de lutte contre la pandémie.
Personne n’est capable de savoir quand les taux d’intérêt vont pouvoir repartir à la baisse, ni de connaître l’ampleur de la récession qui se profile.
Il est en revanche certain que les marchés ne vont pas attendre que l’amélioration attendue soit lisible dans les statistiques officielles pour repartir de l’avant. Ce n’est pas la confirmation d’un retour à meilleure fortune qui donnera le signal du rebond, mais l’anticipation des premiers signes d’inflexion de la politique monétaire restrictive des banques centrales (le deuxième temps).
Avec un indice Nasdaq ayant chuté de 33% depuis le début de l’année et le S&P 500 en perte de près de 20%, nul doute que le moindre signe de recul de l’inflation sera exploité par les opérateurs toujours prêts à partir à la chasse aux bonnes affaires. L’expérience des crises boursières précédentes, notamment celle de l’effondrement des valeurs internet en 2000-2001 et de la bulle immobilière aux Etats-Unis en 2008-2009, a montré que le fond de la piscine a été touché autour du mois de mars de l’année suivante. Compte tenu de l’empressement des détenteurs de capitaux à reprendre leur revanche après chaque période de baisse, il y a fort à parier que les mêmes causes produiront les mêmes effets.
Contrairement aux craintes de nombreux commentateurs, l’année 2023 ne se présente en effet pas sous un jour chaotique.
Les prévisions des économistes, qui reposent sur un consensus établi à partir des travaux des plus grands cabinets d’analyse économique portent sur une croissance mondiale de l’ordre de 1,5%. Les Etats-Unis devraient pouvoir éviter une récession avec une progression du PIB réel comprise entre 0,6 et 0,8%, alors que et la zone euro passerait à côté de la catastrophe, avec une activité stable, voir limitée à 0,2%. L’inflation restera élevée, mais elle devrait commencer à reculer aux Etats-Unis dès le début de 2023. Dans la zone euro, les progrès seront plus lents en raison du maintien des prix de l’énergie à des niveaux plus élevés qu’outre-Atlantique.
Nos recommandations stratégiques à court et moyen terme : les premières séances de l’année pourraient se révéler assez éprouvantes, pour la simple raison que les tensions sur les taux d’intérêt devraient rester vives dans à peu près toutes les régions du monde. La rémunération des placements à taux fixes est un élément déterminant de l’évolution des cours de Bourse : toute nouvelle hausse des rendements obligataires constitue une incitation à acheter des obligations plutôt que des actions. Les modèles de valorisation des actions, qui reposent en grande partie sur le niveau des taux d’intérêt, ne permettent pas non plus de compter sur une hausse des cours lorsque les rendements progressent.
Dans un premier temps, notre politique d’investissement restera donc assez prudente, avec un maintien en portefeuille des titres des sociétés les mieux placées dans un contexte de hausse des taux et d’inflation encore élevée. Il s’agit notamment des valeurs financières et de celles liées à l’énergie. Les secteurs de la défense et de la santé constitueront aussi un bon refuge.
Une décrue des taux d’intérêt permettra dans un second temps de se placer sur des valeurs de croissance solides.
Ces dernières ont plus souffert de leur cherté relative par rapport à la moyenne du marché que d’une réelle dégradation de leurs perspectives bénéficiaires. Certains géants de la « tech » américaine, comme Tesla, Meta Platforms, Docusign, Zoom Video ou Paypal affichent en effet des baisses de cours de plus de 60% depuis le 1er janvier 2022, ce qui paraît très excessif.
Le secteur des produits de consommation non cyclique présente aussi un bon potentiel de rebond.
En cas de reprise de l’activité au cours du second semestre, il n’est pas exclu que les valeurs pétrolières profitent une nouvelle fois de la hausse des prix de l’énergie.
De ce point de vue, les perspectives de redressement de l’économie chinoise seront déterminantes.