Voici une analyse des déclarations du président américain sur la mise en place de taxes à l’importation sur l’acier et l’aluminium, je m’appuie sur les notes publiées sur le sujet par Andrew Hunter (Capital Economics) et Chen Zhao (Alpine Macro).
La décision d’instaurer des taxes de 25% sur les importations d’acier et de 10% sur celles d’aluminium sont les premières applications de l’agenda protectionniste de la campagne présidentielle de TRUMP en 2016.
Son impact symbolique est plus important que ses conséquences matérielles.
Si les États-Unis importent 1/3 de leurs besoins d’acier, les importations d’acier et d’aluminium pèsent pour à peine plus de 2% des importations américaines. Ces taxes devraient donc renchérir les importations globales de 0,5%. Mais en anticipation de leur instauration, les prix domestiques de l’acier ont déjà progressé aux États-Unis de 20% depuis le début de l’année, ce qui pénalise les secteurs industriels, automobile ou construction et, c’est paradoxal, favorise les délocalisations. Pour la construction cependant, difficile de faire autrement que de passer des hausses de prix.
Qui plus est, une forte hausse de la production d’acier dégraderait un peu plus le marché du travail ce qui pousserait aussi les prix à la hausse. Il faut cependant reconnaître que les capacités de production du secteur sont faiblement utilisées (74%).
En conséquence il est à craindre que l’embellie pour les producteurs d’acier et d’aluminium soit plus que compensée par la pénalisation des autres secteurs.
La Fed devra prendre en compte l’effet de la mesure sur l’inflation et les salaires. A la marge, c’est une raison supplémentaire pour la banque centrale de relever 4 fois ses taux directeurs en 2018.
L’instauration de ces taxes va entraîner des répliques des autres pays.
En 2002 par exemple lorsque George Bush avait instauré une mesure semblable, l’Union Européenne avait taxé les voitures du Michigan et les oranges de Floride. La Chine, peu concernée par ces mesures, réfléchit déjà à des contreparties sur les produits agricoles ; le Canada et le Mexique les déclarent incompatibles avec les engagements du NAFTA, et Mr Juncker propose de taxer les Harley-Davidson, les jus de fruits, les Jeans Lewis et le bourbon. Curieusement, l’augmentation des taxes sur l’importation de produits APPLE n’a pas été évoquée !?
Pour le reste (sic) les nouvelles économiques américaines ont été balancées cette semaine.
Le marché immobilier voit les prix continuer leur ascension : selon l’enquête Case-Shiller, les prix des 20 principales métropoles sont en hausse de 6,3% sur un an, par contre le nombre de promesses de ventes dans l’immobilier ancien a baissé contre toute attente en janvier, au plus bas depuis octobre 2014 et en recul de 3,8% sur un an et les ventes de logements neufs se sont contractées pour le deuxième mois consécutif.
Ces chiffres sont impactés par le climat rigoureux de janvier, les faibles stocks de biens en vente et les taux du crédit immobilier qui n’ont jamais été aussi élevé depuis 4 ans.
Les indicateurs de confiance sont eux excellents. Selon l’enquête mensuelle de l’Université du Michigan, le moral des ménages s’est redressé un peu plus qu’attendu, la situation actuelle bondit à 114,9 en février après 110,5 en janvier et les anticipations passent à 90 après 86,3.
L’enquête du Conference Board dit la même chose : le moral des ménages à 130,8 atteint in plus haut de 17 ans en dépit des fluctuations de Wall Street. Pour l’organisme patronal aussi la situation actuelle s’améliore (162,4 vs 154,7) ainsi que les perspectives (109,7 vs 104) et il est de plus en plus facile de trouver du travail (+24,7 vs +20,9), ce dernier élément touchant un plus haut de 16 ans ; 15,2 % des répondants attendent des augmentations de salaire et de pouvoir d’achat cette année.
Les deux indicateurs anticipés macro vont dans le même sens que les indicateurs de sentiment avec l’ISM manufacturier au plus haut de 13 ans en février, ce qui suggère une accélération après un début d’année laborieux (fév. 60,8, janv. 59,1 et déc. 17 59,3). L’emploi en particulier est très fort.
L’IHS Markit US Manufacturing PMI est en ligne avec l’ISM, proche de son plus haut de 3 ans, tiré par une forte progression des nouvelles commandes. Les pressions inflationnistes provenant des prix des intrants s’intensifient.
En Eurozone, la croissance du crédit en ce début d’année reste à un rythme favorable à l’économie. M1 (somme des espèces en circulation et des dépôts au jour le jour) augmente sur un an de 8,9% en janvier (vs 8,7% en décembre) et M3 (qui inclut les dépôts à terme et les facilités à court terme) reste inchangé à +4,6%.
Les prêts au secteur privé passent de +2,9% en décembre à +3,3% en janvier, au plus haut de 9 ans. Le rythme reste à +2,9% pour les prêts aux ménages et il passe à +3,4% (vs +3,1%) pour les prêts aux entreprises non financières. Ceux-ci sont à +5,8% en France, +5,2% en Allemagne, +0,8% en Espagne mais toujours -2,1% en Italie après les cessions successives de créances douteuses par les banques italiennes. Les banques signalent toujours une accélération de la demande de crédits et s’annoncent prêtes à y répondre.
L’enquête de la Commission Européenne sur le moral des affaires et des ménages (ESI, Economic Sentiment Indicator) reflète une croissance qui reste forte malgré un léger recul (114,1 vs 114,9 en janvier, 100 étant la frontière récession/expansion). Cet indicateur est cohérent avec une croissance de 3%.
L’indice PMI IHS Markit final pour l’industrie manufacturière reste sur une croissance soutenue même s’il se replie à 58,36 vs 59,6 le pic enregistré en fin d’année, il continue d’afficher l’une de ses plus fortes périodes d’expansion depuis 18 ans. L’ensemble des pays et des sous secteurs étudiés enregistrent une croissance en février, les Pays-Bas étant à un plus haut historique et la Grèce à un plus haut de 212 mois.
En Asie, le PMI Nikkei Japan signale une solide amélioration. L’emploi progresse à une allure record depuis 11 ans et les entrepreneurs sont positifs sur leurs perspectives à 12 mois.