Les perspectives sur la Chine se trouvent à un point d’inflexion, par rapport aux principaux marchés développés. Pour la Fed et les autres principales banques centrales, 2021 s’est avéré relativement favorable. Cependant, le cadre de la politique monétaire deviendra probablement plus difficile à ajuster alors que les responsables politiques naviguent dans un environnement inflationniste avec un excès massif de dette qui nécessite des taux réels négatifs. En Chine, 2021 a été une année de volatilité accrue due au resserrement de la réglementation, celle à venir semble en revanche plus favorable. Un assouplissement monétaire est probable alors que les politiques budgétaires devraient contribuer à un environnement de marché plus stable. Si la Chine met à présent l’accent sur la qualité de sa croissance, cela pourrait s’avérer à terme à la faveur des investisseurs. Explications.

Au regard des développements réglementaires qui ont préoccupé de nombreux investisseurs au cours de l’année écoulée, avons-nous passé le pic ?

Nous avons probablement atteint un pic en ce qui concerne les évolutions réglementaires, même si quelques ajustements de politique pourraient encore intervenir, ce qui est toujours en toile de fond lorsqu’on parle de la Chine. Certains des changements réglementaires ont eu un impact négatif sur la confiance des entreprises, le sentiment des investisseurs et, dans une certaine mesure, la consommation, en 2021. Il est donc possible que le gouvernement chinois envisage des options d’assouplissement en 2022.

En Chine, le secteur immobilier est un domaine clé intimement lié au sentiment des investisseurs. Historiquement, l’immobilier a été l’épine dorsale de la croissance économique. Comment cela va évoluer compte tenu des événements de 2021, et quelles en sont les implications pour les investisseurs ?

Nous devons tenir compte de deux facteurs. Premièrement, nous avons assisté à un recul important de la croissance démographique depuis cette année, ce qui exerce une pression à la baisse sur le secteur. Second élément en arrière-plan : les tensions commerciales avec les États-Unis laissent penser que l’économie chinoise se doit d’être beaucoup plus diversifiée et d’avoir des moteurs de croissance autres que l’immobilier. Nous pouvons ainsi anticiper des changements dans les modèles économiques dans le secteur immobilier. Nous pourrions notamment assister à une consolidation, mais aussi à davantage d’attention portée à une croissance de meilleure qualité, voire de nouveaux profils de croissance, au travers par exemple d’évolutions vers des domaines comme la gestion immobilière.

Face à la conjoncture actuelle, la banque centrale chinoise semble se trouver dans une situation assez différente par rapport à ses principales homologues. Quelles sont vos attentes en termes de politique monétaire ?

Dans les prochains mois, il va y avoir en réalité probablement plus de soutien budgétaire pour permettre une meilleure stabilité et la mise en œuvre des nouvelles réglementations, ce qui a en fait été exposé depuis longtemps et adopté plus récemment, avec des échéances claires. La politique monétaire devrait, dans l’ensemble, être plus accommodante. La monnaie devrait légèrement se déprécier, mais cette tendance ne devrait pas être trop marquée. Face aux objectifs de plus long terme autour du capital, compte tenu de l’environnement comptable et politique, l’économie est en cours de réorganisation avec des moteurs de croissance visibles davantage orientés sur la transition climatique et la résilience domestique plutôt que sur l’immobilier et les infrastructures traditionnels.

L’année 2022 pourrait révéler une rotation davantage en termes de leadership que de régions. Traditionnellement, cela va de pair avec des politiques de soutien budgétaire. Quel est votre regard en la matière ?

Il sera surtout intéressant de voir quel pan de l’économie bénéficiera d’un soutien politique. Tout d’abord, la consommation domestique devrait progresser avec l’expansion des classes moyennes. Certaines des réglementations introduites en 2021 visaient à augmenter l’ensemble du revenu disponible des ménages – par exemple, avec des prix de l’immobilier plus abordables, un moindre coût de l’éducation, etc. – et ainsi leurs dépenses de consommation. Un autre axe d’attention pourrait être porté sur les nouvelles infrastructures liées à l’énergie qui contribueront à la transition climatique, à l’instar des énergies renouvelables, le stockage d’énergie et les réseaux électriques intelligents (smart grid).

Le gouvernement chinois s’est engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici 2060, et lors de la COP26, a annoncé qu’il travaillerait plus étroitement avec les États-Unis sur la transition bas carbone. Comment interpréter cela ?

Avant même la COP26, maintes évolutions sont intervenues en Chine, malgré ce que l’on pouvait lire dans la presse. Les politiques bleues/vertes de la Chine sont souvent sous-estimées. L’Etat s’efforce de gérer la réalité de son économie tout en veillant à être en bonne position pour assurer son développement à l’avenir. Les initiatives gouvernementales en cours et les mesures favorables ne sont pas correctement appréciées par les investisseurs. Ces avancées doivent être clarifiées et prises en compte à l’aune des opportunités d’allocation offertes en Chine par rapport au reste du monde, en particulier étant donné l’importance croissante soulevée par le changement climatique à l’échelle mondiale et le besoin de résoudre certaines de ces problématiques majeures.

Comment les entreprises chinoises envisagent-elles la COP26 ?

Nous nous engageons auprès de nombreuses entreprises locales en Chine. L’intégration des enjeux de développement durable a commencé au sein des grandes entreprises publiques et des entités financières. Ces dernières années, de nombreuses petites entreprises, y compris des émetteurs immobiliers à haut rendement, prennent davantage conscience de l’impact sur leurs activités. Certains ont notamment nommé une équipe de professionnels dédiés sur ces sujets. Enfin, certains investisseurs locaux, en particulier institutionnels, s’intéressent aux produits avec des caractéristiques durables solides. A l’instar des flux ESG observés dans le reste du monde, des fonds commencent à investir dans des produits durables en Chine également.

De plus, l’encours des prêts verts en Chine a bondi depuis quatre ans avec un taux de croissance annuel moyen (CAGR) de plus de 20 %. Cela démontre donc un engouement du marché pour ces thèmes d’investissement, qui rassemble de plus en plus de participants. Et si l’on considère les obligations vertes sur les marchés offshore et onshore, le marché dépasse déjà 60 milliards $ depuis le début de l’année. Ces chiffres reflètent une tendance de fond qui opère au sein des entreprises et des investisseurs.

Quid du risque économique autour de la COVID-19, surtout avec l’apparition du nouveau variant Omicron, et de la politique de tolérance zéro de la Chine ?

La supply chain chinoise et les défis énergétiques associés auront un impact sur le reste du monde. Si l’on regarde les chiffres des exportations chinoises, la demande mondiale est très forte. Tous les défis auxquels la Chine est confrontée se feront sentir dans le monde entier. Cela engendre une hausse des tensions inflationnistes mondiales, qui pourraient s’avérer plus durables que prévu. Plus généralement, il y a une tendance à essayer de transformer la pandémie de Covid 19 en une épidémie endémique, autrement dit de forger une immunité collective. Comme nous l’avons vu le 26 novembre avec l’émergence du variant sud-africain, cet objectif est encore loin d’être atteint et personne ne peut se targuer d’avoir mis en place des politiques pleinement efficaces tout au long de la pandémie. L’une des conclusions à tirer de ce constat repose sur la nécessité de diversifier les approches en place. Cela met en lumière les différents modèles et paramètres politiques observés en Chine par rapport au reste du monde, qui sont importants et constructifs en prévision de 2022.

Sur ce point, quels sont les principaux catalyseurs ou moteurs du premier semestre 2022 ?

Tout d’abord, il faut s’intéresser à la nature des changements structurels de l’économie chinoise, par exemple, aux dépens de l’immobilier et au profit des secteurs verts.

Si l’on considère le crédit dans tous les secteurs, le haut rendement est toujours confronté à de nombreux défis en raison du ralentissement. C’est également le cas pour le crédit dans le secteur immobilier. D’autre part, en dehors des actifs tels que les obligations d’État chinoises – que beaucoup d’investisseurs internationaux recherchent – des opportunités dans l’univers des obligations d’entreprises, actuellement à des niveaux attractifs. Et avec l’importance croissante accordée par le gouvernement aux entreprises de l’économie réelle, celles-ci pourraient constituer un thème d’investissement porteur.

Si des ajustements réglementaires et politiques pourraient encore avoir lieu, un relâchement des politiques monétaire et budgétaire est possible, même si cela n’interviendra pas dès le premier trimestre 2022 compte tenu du Nouvel An chinois et des Jeux Olympiques d’hiver. L’essor du variant Omicron pourrait potentiellement constituer une autre surprise quant à la rapidité du soutien politique, probablement axé sur une consommation et une innovation domestiques plus élevées.

Si l’on considère le niveau de PER (Price Earning Ratio) du marché actions chinois, il est se situe autour de 15x, tandis que celui de certains autres marchés émergents, se trouve aux alentours de 17x, 24x pour le marché euro et 30x pour le marché américain. Les actions chinoises offrent donc des valorisations relativement attractives. Toutefois, la volatilité devrait également persister, réclamant une certaine prudence.

Comment cela se traduit en termes de portefeuille ou d’allocation d’actifs globale ? Serez-vous surpondéré sur les obligations et les actions chinoises ?

Du point de vue des obligations, les investisseurs devraient envisager de construire un portefeuille doté d’une duration courte sur les marchés américains et autres marchés développés. À l’inverse, certaines obligations à haut rendement, y compris en Asie et particulièrement en Chine, semblent attractives.

Concernant les actions, il pourrait y avoir des épisodes de volatilité dans les prochaines semaines. Mais sur un horizon de moyen et long terme, le marché chinois offre une belle opportunité de réallouer son portefeuille. Nous envisageons donc de nous y renforcer à plus long terme. Pour ce faire, une approche de stock-picking qui permette d’évaluer individuellement chaque opportunité, sous-tendue par une analyse fondamentale robuste, s’avère indispensable.

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